Comment puis-je être la  mère de ma fille sans avoir été la fille de ma mère. Comment me libérer du désamour qui me lie à cette femme, dont je ne perçois que le rejet et qui ne réveille en moi que de la colère.

Célanie a 42 ans, célibataire, faute de réelles unions, elle est mère d’une fille de 19 ans.

Son père, qu’elle connaitra à l’âge de 18 ans, décédera 6 mois plus tard. Sa mère, elle-même mal aimée de ses parents, la rejette ouvertement depuis le viol de Célanie par l’un de ses anciens concubins.

Se libérer de sa mère en l’acceptant telle qu’elle est

Difficile de grandir  quand le manque d’amour, nourri de ressentiments  et de frustrations, se transforme en souffrance viscérale.

« Tu dois abandonner ta rancœur et accepter ta mère comme elle est » lui souffle une petite voix intérieure, « au début cela te soulageait de la considérer comme un monstre puis ta rancœur s’est transformée en une haine que tu as entretenue et qui est devenue ta raison de vivre ; le temps est venu  de te libérer ».

Célanie sait qu’elle doit accepter que sa mère ne soit que sa génitrice ; une femme marquée par son histoire, héritière d’une généalogie pleine de tabous, de silence et de secrets ; une femme illusionnée par les hommes et qui, elle doit le reconnaitre, a fait les choix qu’elle pouvait comme elle le pouvait dans le contexte social de son époque.

« Je dois accepter l’histoire qui nous lie. Elle me rejette depuis l’enfance,  et ce rejet, elle seule en connait la raison. Je dois renoncer à être la fille chérie d’une Mère  idéalisée. Je dois renoncer à mes attentes.

Il me faut accepter ma mère, imparfaite, pour être libre d’être à mon tour la mère que je veux être, une mère …surement, elle aussi,… imparfaite. »

 Se libérer de sa mère en reconnaissant notre singularité

Des années passées à se complaire dans une souffrance en coresponsabilité, ont amené  Célanie  à se cacher derrière de mauvaises raisons pour ne pas oser Sa propre Vie

Elle s’est imposée de réussir des études supérieures de prestige, de gagner les attributs de la réussite sociale et professionnelle et, pour l’affectif, de se réfugier dans les préceptes philosophiques d’un mouvement spirituel en vue.

Aujourd’hui son dos lui fait mal. Il n’en peut plus de se maintenir dans la défiance et le règlement de compte. Il n’en peut plus d’hurler  «  lâche prise, tu es une belle personne. Accepte d’être Toi ».

Célanie, en sevrage de reconnaissance maternelle, se décide enfin à regarder avec les yeux du cœur la sensation d’incomplétude qui l’envahit.

Elle reconnait s’être construite «sans et contre »  sa mère.

Aujourd’hui, il lui faut admettre  que « grâce » à son rejet,  elle est devenue une adulte autonome et responsable, une professionnelle reconnue pour ses compétences. Mais…. elle est aussi  une mère hyper protectrice et une femme qui ne se reconnait pas le droit d’aimer et d’être aimée. Un besoin caché sous des vêtements informes, enfoui sous des centimètres d’embonpoint.

Se libérer de sa mère en s’offrant le droit d’aimer et d’être aimée

Célanie repense aux propos que vient de lui lancer sa fille « je t’aime,  mais je refuse d’être comme toi ».

« Tu as aussi des progrès à faire dans ta vie intime »  lui susurre sa voix intérieure.  « Pour prévenir tout risque d’abandon, ta vie affective se résume à un CDD de maitresse confortable, en compagnie d’un  jeune cadre dynamique carriériste, ou pire, à un intérim d’assistante sociale avec un désespéré de la vie que tu vires, lassée de ses larmoiements ».

Célanie est face au miroir, elle ose se regarder. Elle se détaille timidement, essayant la bienveillance avant l’amour. Son image la rassure. Elle en arrive même à se trouver belle.

Il lui reste du chemin à parcourir, elle va commencer par s’occuper de son corps, cela fait des mois qu’elle promet à sa fille d’aller courir avec elle. Quelques kilos en moins lui feront du bien au physique et au mental.

Elle partira à la conquête de sa vie affective,  éliminant doucement le mur de protection édifié entre elle et les autres.

Débarrassée du poids de sa propre  histoire, elle libérera sa fille pour ne plus exiger d’elle ce qu’elle s’est imposée.

 

Légère et déterminée, Célanie va s’offrir le bonheur  « d’Aimer avec son cœur », non plus avec sa tête.

 

 

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