Pour savoir qui on est, il faut comprendre d’où on vient. Notre saga familiale est un patchwork d’expériences de vie, certaines sont réussies, d’autres sont à reprendre. Dans notre cheminement à la rencontre de nous-même, osons tourner la clé du secret de famille.

Le secret agit dans notre mémoire inconsciente

Quand nous parlons de nos ancêtres, nous racontons l’histoire familiale ; celle qui s’appuie sur des faits historiques, réels et vérifiables (des extraits de documents officiels qui attestent de lieux, de dates, de faits et de filiation), celle des réussites, celle de nos héritages matériels (maison, terrains, bijoux,…).

Quand nous parlons de nos ancêtres, par ignorance ou par loyauté au « secret », nous taisons les histoires faites de blessures mal cicatrisées, d’espoirs déçus, de désamours ou de mal amour, source de rejets ou d’abandons.

Viols, incestes, vols, ruine, prison,… des histoires inachevées, des vérités déshonorantes, des inconduites inavouables qui deviennent tabou.

Le secret, cheminant de notre inconscient familial à notre inconscient individuel, influe sur nos choix de vie. Il s’exprime dans la marginalité d’un fils, l’impossibilité « à garder un homme » d’une fille, les répétitions de prénoms, de dates de décès, de maladies, de comportements ou d’évènements.

Dans nos histoires de familles, les répétitions ne sont pas que le fruit du hasard ou le respect d’une tradition ; elles peuvent aussi être la traduction d’une souffrance qui se transmet de génération en génération.

Garder secret le secret ! Pourquoi ?

Vérité entachée de honte et d’infamie, de réprobation et de désaveu, le secret de famille ne se raconte pas ; il se lègue insidieusement, sournoisement avec son lot de douleur.

Famille, voisinage, beaucoup savent, personne n’en parle ; tel est le prix à payer, plutôt la ligne de conduite à respecter, pour maintenir la cohésion,  la paix familiale voire la paix sociale. L’important étant d’afficher un respect des usages, des règles morales, sociales et religieuses du moment.

Toutes les familles veulent croire en un amour partagé. Toutes les familles ont besoin de se protéger de l’éclatement. Taire ce qui peut déplaire permet d’obtenir et de conserver l’amour et l’appartenance au groupe.

Mais les «héritiers – victimes » de ce secret ressentent cette confusion tapie au plus profond d’eux-mêmes.

Le secret hurle son existence

Il vit en nous. La révélation du secret est rarement une surprise. Il se dissimule dans les blancs, les hésitations, les contradictions de nos anecdotes familiales. Il s’exprime dans les répétitions de comportements et de situations d’une génération à l’autre.

Vérité déguisée en médisances, le secret se fraye un chemin dans les « trop dits » des excès d’alcool, la méchanceté des langues de vipère qui sourient en coin et se chuchotent à l’oreille.

Il hurle son existence dans le regard empli de mystère, l’étreinte appuyée et  la tendresse bienveillante de la doyenne, mémoire de la famille.

Partir en quête du secret pour  comprendre

Le secret demande à voir le jour, il veut être entendu, compris. Il se raconte à celui qui, dans la quête qu’il a de lui-même, atteint le niveau de « Conscience » nécessaire à une compréhension rationnelle puis émotionnelle de ses effets et conséquences.

Considérer la quête du secret comme une étape dans un cheminement de vie conduit à reconstituer l’histoire pour pénétrer le secret.

Eclairer le passé en apportant les personnages et événements manquants permet d’appréhender la « difficulté à trouver sa place ».

A partir de documents familiaux, de rencontres et de témoignages, il est possible de revenir à la racine des événements. Lesquels événements, remis dans le contexte social et culturel de l’époque, dévoilent les raisons qui ont fondé le secret.

Dévoiler le secret peut amener à modifier la structure de l’arbre et réparer l’histoire. Animer ce qui a été dissimulé remet en perspective la dynamique du système familial : les places, les rôles et les responsabilités.

 Révéler le secret pour échapper au sortilège du secret

Le secret met de l’obscurité, du désordre et du déséquilibre dans le cheminement de nos vies.

Dette, fatalité, condamnation,… sont les mots (maux) qui en légitiment l’existence  et astreignent au silence.

Comment payer la dette ? Echapper à la fatalité ou s’acquitter de la condamnation ? Impossible, sans découvrir comment celles-ci ont été contractées ?

En étant révélé, le secret devient un moyen de connaissance ; il éclaire les évènements d’un regard nouveau.

Reconnaitre le manque, la blessure, l’injustice infligée à un ascendant est le premier pas vers l’émancipation des descendants. Le secret, vérité travestie, est aussi « se crée »  une force de vie qui demande à s’exprimer en ramenant lumière, équilibre et amour.

Nous héritons des troubles générés par des histoires inachevées qui demandent une fin heureuse. Révéler le secret, rétablir la vérité, guérir l’arbre généalogique permet de terminer une histoire et nous donne la liberté de nous ouvrir à la réalisation de notre propre histoire.

La compréhension rationnelle du passé délivre de la force « de conservation » de l’inconscient familial et libère la force « de création » de l’univers, force cosmique d’intuition créative, qui nous invite à Être ce à quoi nous aspirons.

Line LICAN

Psychologue – Psycho Généalogiste

Constellatrice Familiale Systémique

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